LA PHOTO DU JOUR
10 FÉVRIER 2017
Né à Chalon-sur-Saône le 3 décembre 1732, mort à Paris le 14 juillet 1806. On doit à cet ingénieur des Ponts-et-Chaussées le Canal du Centre, unissant la Saône et la Loire, l'Hôtel de Ville de Tournus (1771), le théatre de Chalon (1778) , la rénovation du château de Chagny (1780), des églises à Saint-Germain-du-Plain et Barizey... et de très nombreux ponts : deux à Navilly, le pont de Gueugnon sur l'Arroux, un pont (peu visible) sur la Thalie à Chalon, ainsi que, dans la même ville, le superbe pont sur le faux-lit de la Saône. Il fut un pionnier par son utilisation audacieuse des matériaux de construction.
ET POUR ALLER PLUS LOIN
Émiland
Marie GAUTHEY voit le jour à Chalon-sur-Saône le 3 décembre 1732,
fils unique de Pierre GAUTHEY médecin, qui porte le titre
honorifique de "conseiller du Roi et son médecin de bailliage de
Chalon" et de Jeanne Lafouge son épouse. Sa maison natale, aujourd'hui
disparue, se situerait de nos jours au numéro 17 de la rue
Gloriette. La famille GAUTHEY appartient à la bourgeoisie mais ne
dispose ni d'une fortune, ni d'un patrimoine conséquents. Elle
jouit d'une honorable réputation et possède une propriété dans la côte
viticole chalonnaise à Bissey-sous-Cruchaud. De 1740 à 1748,
le jeune Emiland fait de brillantes études jusqu'à l'obtention du
baccalauréat, au Collège des Jésuites de Chalon, érigé sur les
lieux mêmes du Lycée qui prendra son nom en 1993. Orphelin de père à
l'âge de 16 ans, Emiland GAUTHEY pour continuer ses études vient vivre à
Versailles auprès d'un oncle, professeur de mathématiques à
l'École des pages du Roi. De 1 749 à 1 758, il acquiert une double
formation d'excellence. Il devient architecte auprès de Gabriel
Dumont, prix de Rome, un des maîtres du temps au faîte de sa
notoriété, puis ingénieur à l'Ecole des Ponts et Chaussées, la plus
ancienne de nos écoles d'ingénieurs, fondée en 1747 et dirigée
alors par Jean-Rodolphe Perronet, ingénieur de renom. Il noue avec
un autre élève, le futur grand architecte Germain Soufflot, une
amitié fidèle qui durera toute la vie. De retour dans sa province,
Emiland GAUTHEy commence une carrière qui le mènera aux plus hautes fonctions et responsabilités :
Sous-Ingénieur des États de Bourgogne en résidence à
Châlon (1758), Ingénieur en Chef des États de Bourgogne (1782) et
Directeur général des canaux de Bourgogne (1 783). Cet homme de
génie à la puissance de travail prodigieuse, à l'énergie et à la
ténacité inépuisables, doté d'une intuition qui lui permet de
prévoir l'avenir avec clairvoyance, animé d'un "désir ardent d'être
utile au pays" nous donne une œuvre bâtie considérable qui fait de
lui l'architecte et l'ingénieur le plus présent dans le patrimoine
et dans l'histoire de la Bourgogne. Le Canal du Centre, le grand
pont de Navilly ; à Givry : l'église, l'hôtel de ville, la fontaine
des dauphins ; l'hôtel de ville de Tournus ; l'église de Barizey ; une
partie du Palais des Ducs de Dijon ; le clocher de Pommard ; à
Chalon-sur-Saône : l'Obélisque, les quais de la Saône, le théâtre,
l'hôtel de Colmon-Fusselet, l'ancien pont Saint-Laurent, le pont
des Chavannes, à l'hôpital
: le dôme de la chapelle, la pharmacie, autant de monuments et de
constructions qui portent son nom, illustrent son style
néoclassique élégant et raffiné et témoignent d'une maîtrise qui se joue
des pires contraintes et difficultés techniques.
Comme Directeur des canaux de Bourgogne, Émiland GAUTHEY
conduit conjointement le creusement du Canal de Bourgogne, du Canal de
Franche-Comté de Saint-Jean-de-Losne à Dole et du Canal du Centre,
son œuvre maîtresse. Étant arrivé, au terme de 16 ans de luttes, à
faire triompher son projet, avec le Canal du Centre (1783- 1791)
"le plus grand ouvrage de travaux publics du 18ème siècle", Émiland
GAUTHEY réalise la première liaison fluviale Manche- Méditerranée.
Père de la Saône-et-Loire moderne en ouvrant la voie au développement
du bassin minier de Montceau-les- Mines, Le Creusot et à la grande
industrie, il change le destin de son département et de sa ville
natale où il impose l'aboutissement de son canal. Précurseur très
en avance sur son temps, il applique à la conception, à
l'organisation et au suivi des travaux, des méthodes d'organisation
rationnelle comparables à ce qui sera, près d'un siècle après lui,
l'organisation scientifique du travail de Taylor puis le Bureau des
Méthodes. Emiland GAUTHEY un des plus éminents théoriciens
français de la construction spécialement en matière de voûtes, de
canaux, de ponts, laisse aussi une œuvre écrite d'exception. En
particulier son monumental "Traité de la construction des ponts " a
formé des générations d'ingénieurs et reste fondamental, inégalé à
ce jour. Humaniste aux multiples centres d'intérêts, " honnête
homme " au sens du 18ème siècle, GAUTHEY étonne par son " Essai sur
la langue philosophique " (1774) où il invente une langue artificielle
et universelle mettant au point des signes qui font
irrésistiblement penser à la sténographie et à l'écriture
abrégée... Près d'un siècle avant Delaunay, il avait créé une
langue et une sténographie prêtes à fonctionner. .. Honneurs et
distinctions émérites viennent couronner Émiland GAUTHEY. Nommé
Inspecteur Général des Ponts et Chaussées en 1791 au moment de la
création du corps. Napoléon 1er le décore de la Légion d'Honneur
lors de la première remise des insignes de l'ordre en 1804. Il meurt le
14 juillet 1806 mais son lieu de sépulture, vraisemblablement situé
à Paris, reste toujours inconnu à ce jour.
Marie-Thérèse
G1RARDI
Professeur-Documentaliste Honoraire
du Lycée Emiland Gauthey