LA PHOTO DU JOUR
11 FÉVRIER
2017

La Saône et Loire a vu naître maints personnages célèbres ou inconnus qui ont joué un rôle important dans notre pays... ou ailleurs.

Nous allons faire un petit tour dans notre histoire locale et faire revivre le temps d'une photo du jour ces bourguignons.


HENRI GUILLEMIN (1903-1992)




De ses premiers travaux sur Rousseau à son adjuration posthume à la Malheureuse Église, Henri Guillemin aura été un vibrant imprécateur des lettres, et la mauvaise conscience de l'institution catholique... Né le 19 mars 1903 à Mâcon, élève de l'École Normale supérieure, où il se lia avec Sartre, Guillemin fut le disciple et secrétaire de Marc Sangnier, fondateur du Sillon, mouvement chrétien social. Il enseigna dans différentes villes de province, au Caire, puis à Bordeaux, qu'il dut quitter en 1942 pour échapper à la police de Vichy. Attaché culturel à l'ambassade de France à Berne, après la guerre et jusqu'en 1962, il partagea ensuite son temps entre Chissey-lès-Mâcon et Neuchâtel, où il est mort le 4 mai 1992. Auteur d'un essai sur Flaubert qui lui valut l'amitié de Mauriac, il publia en 1937 Par notre faute, violent réquisitoire contre la politique millénaire de l'Église, qui fera scandale. Si la notoriété de Guillemin, « grand inquisiteur », tient surtout à ses réquisitoires contre Voltaire, Péguy ou Napoléon, une grande part de son oeuvre est faite de plaidoyers, notamment en faveur de ceux chez qui il vit se manifester, mystérieuse ou éclatante, une "soif de Dieu" : Lamartine, Jaurès, Robespierre... et même Sartre. Ennemi du nationalisme et de la bourgeoisie conservatrice, il fut aussi le champion de causes étrangères, en apparence, au christianisme : celle de Zola face aux accusateurs de Dreyfus, celle de Vallès contre les fusilleurs de communards... La passion qui l'animait le conduisit à quelques « dérapages » dans l'utilisation des documents, mais sa force ne tenait-elle précisément à l'excès qu'il mettait en toute chose, à sa sympathie frémissante pour les pauvres et la justice ? Chrétien anticlérical, professeur anticonformiste, brillant « causeur de télévision », Guillemin traversa le XXe siècle comme un météore incandescent, refusant la « mort de Dieu », les totalitarismes et le règne du veau d'or...



Proche de la Résistance, il est dénoncé comme gaulliste par un article d'Henri Poulain publié dans Je suis partout, au moment de la publication de son livre sur Rousseau, Cette affaire infernale, qui traite de la rupture du philosophe avec Hume.

Selon le commentateur P. Pellerin, l'essai " trace un portrait de Rousseau qui l’identifie au juif français de 1942. Il dessine un chrétien hostile au pouvoir ecclésiastique, fidèle à la parole du Christ, porteur du message évangélique, incarnation de ce christianisme primitif englué dans ses origines sémitiques, tout ce que détestent l’extrême droite nationaliste et les nazis. » Dans la Gazette de Lausanne, Guillemin rappelle ainsi un passage de Maurras de 1899, particulièrement virulent à l'égard de Rousseau, « possédé d’une rage mystique, aventurier nourri de révolte hébraïque, [...] un de ces énergumènes qui, vomis du désert [...] promenaient leurs mélancoliques hurlements dans les rues de Sion ».

Maurras répond alors, en 1942, qu'il aurait plutôt dû parler de « faux prophète », et que Rousseau représente « le cas-type de l’insurgé contre toutes les hiérarchies, le cas essentiel de l’individualisme anarchique ».

Guillemin fuit la France le et se réfugie à Neuchâtel en Suisse.


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